Ainsi, l'animatrice lui a demandé ce qui l'avait convaincue de porter plainte contre Guy Cloutier en 2005, ce à quoi elle a répondu que c'était sa fille qui lui avait donné du courage.
« Quand tu arrives à l'âge où tout a commencé, là tu fais: «Ben voyons". Puis j'ai fait: «C'est pas normal». Et là, j'en ai parlé. Puis, là, je me suis dit: «Ah, voyons donc». Et là, on a mis des mots, parce qu'on ne mettait pas des mots sur ça, sur les agressions sexuelles, sur le consentement, sur le viol. Tu sais, c'était comme ça, ça arrivait juste aux autres, puis c'était comme [...] j'étais une enfant.
Tu sais, on dit que huit victimes sur 10 connaissent son agresseur [...]. La plupart du temps, c'est commis par quelqu'un de ton entourage. Alors c'est ce qui trouble, c'est ce qui installe un long silence aussi, parce que t'aimes l'entourage. Moi, j'aime ses filles, j'aime toute ma famille. Alors je me disais: «Hein, si je le dis, mes frères vont peut-être aller lui casser la gueule. Je ne veux pas qu'ils fassent de la prison pour lui». Ça fait que c'était tout ça, le silence.
Je me disais : "ça me prend de l'argent si je veux dénoncer, parce que je n'étais même pas consciente que j'avais accès au système de justice où ça ne coûte rien, où tu es aidé par la société, où tu as des procureurs de la Couronne, des policiers. Dans ma tête, ça m'aurait pris une armée et beaucoup d'argent, que je n'avais pas, parce que c'était tout lui qui avait mon argent. Je n'avais pas le pouvoir de rien. J'étais un grain de sable dans l'océan. C'était trop lourd. C'était impossible. Je ne pouvais même pas imaginer ça. »