« Nous nous sommes tues. D'abord parce que c'est ce que notre honte nous dictait. Puis parce que la société nous l'a demandé. Parce que pour garder nos jobs et notre dignité, il le fallait. Puis on a dénoncé quand la société nous a dit que la parole devait se libérer. Et on a porté plainte parce que seulement ainsi il y aurait de la crédibilité. Aujourd'hui, je me tais parce que les normes et pratiques journalistiques de mon employeur me l'exigent. Parce que la société est déjà tannée de nous entendre. Parce qu'une poursuite bâillon m'en empêche. »
« Me prononcer, ne serait-ce que par solidarité, m'est impossible. Je pourrais perdre encore plus de sous amassés au fil de ma carrière pour me défendre contre quelque chose que je n'ai pas fait, pour quelque chose que j'ai tu. Que nous avons toutes tu. Nous n'avons rien fait d'autre que ce qu'on nous a demandé de faire tout au long de nos vies violentées. Et aujourd'hui, pour n'avoir rien fait (de mal) et rien dit (de faux), nous suscitons mépris et suspicion. Un jour, il faudra nous expliquer. »
Une bien triste réalité, mise en lumière par ces mots.