« Été 1985. Le jeune Louis-José a sept ans. Il est inscrit dans la prestigieuse ligue de soccer de Brossard. Il revêt l'uniforme des bleus.
Il porte le numéro 8, son chiffre préféré. Sa position: Dans le tas avec les autres petits garçons. Lors du premier match de la saison, il marque deux buts dans une victoire de deux à zéro. C'est un triomphe. Sa tête enfle
Le lendemain, il court sur sa rue, puis trébuche. Même pas en train de courir après un ballon ou un ami, non, il tombe tout seul, sans raison, comme un niaiseux. Fracture de la clavicule. Saison terminée. Tout l'été, Louis-José est boudiné du haut du corps dans un harnais pour redresser sa clavicule. Ledit harnais semble sortir tout droit du grenier d'un hôpital psychiatrique du Québec rural des années trente. L'été suivant, il jouera au baseball. Il se retire donc du soccer avec une moyenne de deux buts par match, ce qui fait de lui le meilleur joueur du monde entier.
Il devient humoriste, avec seul objectif de noyer sa peine dans le rire des gens. La chaleur des grands théâtres apaise la nostalgie d'un destin brisé. Il s'y vautre. Puis quarante ans après son unique match en carrière, on lui propose de s'impliquer auprès des Roses de Montréal. II est ravi. De toute évidence, l'écho de sa performance de 85 s'est répandu; ces gens connaissent son expertise sur le terrain et souhaitent en profiter. Il sera un partisan motivé, bruyant, à qui on demandera parfois de remettre son chandail et de s'asseoir un peu.
Mais surtout, il gardera un oeil protecteur sur la joueuse numéro 8.
Longue vie aux Roses.
LOUIS-JOSÉ
HOUDE »